3° Théâtres, cinémas, églises, etc...





Théâtres et cinémas.


Il était triplement inévitable que les théâtres et cinémas tiennent une place dans ce compte rendu.

Premièrement, je vous apprends ou je vous rappelle que votre serviteur a fait toute sa carrière dans les salles de spectacles, côté technique.

Deuxièmement, on juge une région, une ville, en partie sur sa culture. La façon dont on y a construit des salles de spectacle, dont elles ont été gérées, entretenues ou abandonnées, dont on en a créé de nouvelles est hautement révélatrice des préoccupations des habitants, de l'ambiance du lieu, de son animation, de sa créativité, et sa culture et même de son niveau de civilisation.

Et troisièmement, les U.S.A. sont le pays du spectacle, des salles extraordinaires, des grands music-hall et des productions qui vont avec, des "temples du cinéma". L'architecture des théâtres, quasiment inchangée de la Renaissance aux années 30, a évolué là-bas, avant d'émigrer en Europe pour donner naissance à un nouveau style de salles.

Pourtant, les conceptions  américaine et européenne diffèrent très largement.


En Europe, un théâtre est un monument. A l’intérieur et à l'extérieur.
Aux USA, il n'est qu'un écrin taillé dans la masse. Si rien n'est trop beau pour l'intérieur, l'aspect extérieur n'a aucune importance, sauf l'enseigne.

 En Europe, si sa façade est bien sûr, plus spectaculaire, ses quatre faces sont aménagées pour que l'ensemble n'ait pas l'air d'un hangar.




Aux U.S.A., on se moque éperdument de l'aspect extérieur. Pragmatique...  Les plus beaux théâtres ne sont, vus de l'extérieur, que des cubes de brique ou de béton.
Témoins ces trois là, à Detroit.  Notre voyage nous en montrera d'autres.

De celui-ci, je ne trouve pas de photo intérieure, mais il est bien le prototype du cube planté en pleine ville...




Celui-ci, à Detroit, est abandonné.



 Mais internet est plein de ressources, et j'ai trouvé une photo de l'intérieur prise en 2011.


©topito/pips

 Et celui-là est le grand théâtre survivant de Detroit.  (par ailleurs une ville en ruines). Il est exploité et entretenu. L'entrée ouvre sous dans un immeuble, -le dernier de la rue principale avant la ville fantôme), les halls et lobbies traversent toute la profondeur du bâtiment  Le théâtre lui-même est le cube de béton qui donne sur la rue derrière, à gauche sur la photo. Sur la rue, une enseigne haute de sept étages. Plus une sur le toit. Derrière, rien, des murs bruts et aveugles.




Là aussi, j'ai cherché. Et j'ai trouvé. Les halls pour traverser l'immeuble, les voici:



Et la salle, la voilà:


Les grilles de part et d'autre de la scène cachent les tuyaux de l'orgue, traditionnel dans ce genre de théâtre.


Voici une page impressionnante de théâtres abandonnés aux USA. En fait, il y en aurait une centaine, mais plusieurs centaines d'autres ont été détruits.

Et ici un autre site de salles abandonnées.

A chacune des villes que nous visiterons, il y aura donc un petit chapitre "salles de spectacles" qui contribuera à définir l'ambiance générale.  Je peux déjà vous en donner un aperçu du hit parade:
Premier: New York. C'est pourtant la ville où on en a détruit le plus, mais il y en avait tellement que le reliquat est encore pléthorique.
Et dernier: Los Angeles...  Il y avait bien Detroit, mais à Los Angeles, aucun constructeur automobile n'a ruiné la ville en fermant ses usines.... Or le Broadway de L.A. est, comme nous le verrons, un champ de ruines.


En réalité, les théâtres américains sont une spécialité locale. En Europe, on avait compris depuis longtemps que les "salles polyvalentes" étaient de mauvais théâtres et de mauvais cinémas...  Alors que l'on construisait en Europe des  salles exclusivement dédiées au cinéma depuis 1925, l'Amérique a continué à construire des "Music Halls", des salles volontairement polyvalentes, et le seul critère de concurrence a longtemps été la splendeur du lieu et non pas l'ergonomie ou la prestation technique.

Résultat: lorsque le cinéma a agrandi son image et exigé des écrans larges, tous les "Music Hall" avec leur cadres de scène étroits se sont trouvé fort dépourvus...

...D'autant plus que les Américains rechignaient à construire une salle de spectacle  prestigieuse sans la doter d'un orgue Wurlitzer, un monstre à tuyaux qui occupait des dizaines de mètres-cube de coulisses, nécessitait des ouvertures pour la "montre des tuyaux" de part et d'autre de la scène, ce qui réduisait d'autant la largeur de proscenium, -et donc d'écran- disponible...



 Cette photo montre que l'installation d'un orgue dans cette salle a réduit la scène de 4 à cinq mètres de chaque côté.

Au chapitre "San Francisco", je  raconte commet j'ai eu la chance de visiter le cinéma Castro, pourvu d'un orgue Wurlitzer qui "est joué" (is played) tous les soirs avant la séance...

Console d'un Wurlitzer  "moyen":





Et paradoxalement, si c'est le cinéma américain qui a propagé les écrans larges, c'est l'Europe qui en a bénéficié la première, pour avoir, après la guerre, construit toute une génération de cinémas simples et fonctionnels.

Avant la guerre, on construisait ceci:



Il s'agit du cinéma Belgrand à Paris en 1929, devenu MK2 Gambetta.
Après la guerre, on avait "tout compris" et en France, on construisait ceci:

(cinéma Ambiance à Senonches)

Mais aux USA, on a fait du cinéma dans les vieux théâtres jusqu'à l'usure, puis construit des drive-in et des multiplex.  Il n'y a pratiquement pas de cinémas modernes de centre-ville aux USA comme il s'en est construit des milliers en Europe après la guerre.


Un dernier mot sur le style et la déco de ces "temples du cinéma américain".  Les associations qui les restaurent, comme leurs admirateurs, parlent volontiers de "style Renaissance", "Louis XV", "Empire" ou "Restauration".

En fait c'est un galimatias au goût américain où chaque centimètre est orné de dorures, de palmes, d'angelots et de guirlandes.  Un théâtre  "Renaissance" avec des balcons en voile de béton de vingt-cinq mètres sans pilier, même couvert de staff doré, ça fait pas très "Renaissance".

Il vaut mieux parler une fois pour toute d'un style "américain", qui ne ressemble qu'à lui-même, baroque, tarabiscoté, tapageur jusqu'au mauvais goût, mais finalement pas désagréable à regarder,  mis en valeur par l'ampleur et la richesse des édifices , et oublier les références à l'art classique.






Les drive-in

Il y a aussi cette spécificité américaine: les "drive in". Il n'en existe plus beaucoup.  Nous n'en avons vu qu'un, en plein désert, par une température de 45°... Un miraculé en état de marche, tout pimpant avec une séance tous les soirs...
Il est à Needles, en plein désert Mojave, aux confins de la Californie et du Nevada, dans le parc Moabi.
John Ford y a tourné, notamment, "Les raisins de la colère" en 1960, pour profiter de ses paysages désertiques,  et la célèbre route 66 traverse la ville et le désert de part en part.

 La carré blanc à droite est un panneau publicitaire vide. Sur la photo, l'écran est à gauche.



Et sur cette photo, en l'agrandissant, on distingue la cabine de projection, jaune, avec ses trous caractéristiques.



Pourquoi les drive-in ont-ils presque tous disparu?

Le principe du drive-in a été inventé en 1933 dans le New Jersey. 

©freeweb/cineparcs


Au premier abord, cela semble simple: un projecteur et un terrain.

Grave erreur:

1° il faut une image gigantesque nécessitant un projecteur surpuissant, gros consommateur de kilowatts et d'eau de refroidissement.

2° il faut acheminer le son à chaque emplacement de voiture, dans un pylône où le client peut brancher un kit de haut-parleurs qu'on lui remet. Grosse installation enterrée... Et difficulté technique, à l'époque, d'acheminer du son sur de grandes distances.

3° vu la taille des emplacements et des allées du parking, et le taux d'occupation des voitures qui n'est que de 2,2 spectateur par véhicule, on n'a que 0,048 spectateur par mètre carré, contre 1,44 spectateur par mètre carré dans une salle standard superconfortable, soit 36 fois plus!!!

©gino'sblog

De plus, l'exigence des spectateurs sur la qualité de l'image et du son est allée croissante, et la télévision a envahi les foyers. Il y avait plus de 4000 drive-in aux USA en 1970, il en reste une centaine... Tous les autres, on les voit à l'abandon le long des routes.

©josiahwampfler

C'est dire si l’apparition du nôtre -en état de marche- en plein désert du Nevada, (je n'ai pas noté le village le plus proche) a été une surprise...  Il est certain que dans le désert du Nevada, on n'est pas souvent gêné par la pluie, mais s'il fait 45° le jour, il fait encore 38° le soir... Si on compare aux températures de Las Vegas, assez proche.  Et pour l'hiver, "Nevada", ça veut dire "neigeux"...








Eglises....


 Je croyais que l'Italie était le pays où il y avait le plus d'églises, même si, sur ce chapitre, la France se classe dans le peloton de tête. Mais l'avantage, en Europe, est que bon nombre de ces édifices ont un intérêt historique ou architectural, ce qui est une consolation pour un garçon comme moi qui ne leur en trouve aucun autre.

Aux Etats Unis, à part une ou deux coincées entre deux gratte-ciel à New-York ou à Chicago, -et encore-,  elles sont toutes laides. Petites, construites de brics et de brocs, parfois des garages aménagés.

Laides, mais nombreuses. A l'entrée de chaque village est affiché le nombre d'habitants. A un près. Je me souviens d'un petit village que nous avons traversé dans le nord du Wisconsin, à la recherche des Amish, et qui comptait 440 habitants. Nous n'y avons pas vu moins de sept églises, toutes différentes, toutes concurrentes. Et encore n'avons nous pas "quadrillé" le village à la recherche d'une église qui se serait cachée en nous voyant arriver. Les sept églises, -une pour 65 habitants- sont toutes sur la rue principale.

Dans la rubrique "fils électriques" du chapitre précédent figure déjà une photo de deux églises se faisant face. Il y a de nombreux autres exemples....

 La gigantesque succursale des Mormons, entre Beverly Hills et Santa Monica.




Des églises -hangar-salles de spectacle ou des pasteurs-rockers donnent des concerts... (Los Angeles)




Le concours des plus moches...







 And the winner is:     (un trou perdu en Californie)






 Des riches,   (San Francisco)



 des très riches, (San Francisco)



 Et même dans les quartiers où les maisons abandonnées tombent en ruines, l'église trouve toujours des sous pour rester pimpante. (Baltimore)




 Il y a les exemples de concurrence dramatiques, ces faces à face pathétiques d'établissements qui vendent le même produit avec des étiquettes différentes.
(Ici au nord du Wisconsin)...





(Ces deux photos sont prises dans le "village aux sept églises")

Il est vrai qu'aux Etats Unis, le système religieux, est omniprésent et livré à lui-même. Ils n'ont pas osé "réglementer dieu". D'abord, parce qu'ils n'aiment pas réglementer en général  (quoi que...) , et ensuite parce que dieu, pour eux, c'est tout ce que vous voulez à condition que vous ne soyez pas contre.

Alors, bien sûr, il y a les institutions habituellement reconnues. Un peu comme les succursales des grandes chaînes de magasin. Il y a les catholiques,  et les protestants. Et c'est là que ça se corse... les protestants américains ont éclaté en mille morceaux, essaimé, schismé, contesté, souvent le règlement, parfois l'autorité. Beaucoup ont pris leur indépendance et réécrit comme cela les arrangeait certains paragraphes des "Ecritures".

Un sondage datant de 2008 du Pew Research Center,   sorte  d'observatoire américain, décompose le panel religieux de cette manière:

Catholiques:    23,9

Protestants      51,3%
dont:
Églises évangéliques       26,3 % 
Églises libérales              18,1 % 
églises historiques noires  6,9 % 
Orthodoxes                        0,6 % 
Mormons                           1,7 % 
Autres chrétiens                1 %
Juifs                                   1,7 %
Bouddhistes                      0,7 %
Musulmans                        0,6 %
Hindouistes                       0,4 %
Autres religions                2,1 %
Sans religion                  16,1 %

 C'est dans "les églises libérales" que s'est instauré une certaine zizanie.
En fait, aux USA, où aucun contrôle des sectes n'existe, n'importe qui peut s'improviser gourou ou prêtre et installer une église dans son garage.  S'il y en a qui ne s'écartent pas trop du "fil conducteur", d'autres font n'importe quoi ou détournent la foi religieuse en pompe à finances ou en moyen de propagande politique.

L'église au rang d'entreprise individuelle. Les plus caractéristiques sont les chapelles de toutes sortes qui proposent des mariages express à Las Vegas. Je vous renvoie au chapitre concernant cette ville pour en admirer quelques unes.

Les autres sont celles qui déraillent. Une des entreprises familiales les plus connues en la matière est l'église baptiste du Pasteur Phelps, à Westboro près de Topeka. (Kansas). Ces irradiés d'amour divin détestent tout, prennent Obama pour l’antéchrist, vont troubler les funérailles des soldats US "morts pour rien" et tiennent des sites internet propageant la discrimination et la haine.  Comme  "Dieu déteste les tapettes"  , "Dieu hait l'Amérique",  et je ne sais encore quelle haine qu'il a pu s'inventer.

Et tout cela avec l'assentiment de la Cour Suprème:

Dans l'arrêt Snyder v. Phelps (en) (mars 2011), la Cour suprême a soutenu le droit de l'église Baptiste de Westboro de troubler les enterrements de militaires, en effectuant des piquets de protestations, durant lesquels l'église prétendait que les soldats avaient été tués du fait de la tolérance du pays à l'égard de l'homosexualité. À huit voix contre une, la Cour a jugé qu'on ne pouvait empêcher ces manifestations au nom de la liberté d'expression et du Ier amendement. Seul le juge Samuel Alito, un conservateur, s'est opposé à la Cour, affirmant que le Ier amendement ne permettait pas de « brutaliser » les personnes privées...
Voir la page Wiki sur le sujet.




Entre autres pasteurs perdus et égarés, il y a aussi celui qui brûle des corans sur la pelouse de son temple    de Gainesville, en Floride.


On va s'arrêter là pour les pasteurs en folie.

Dans le cadre de ce blog, nous verrons les Amish qui sont, eux, tout à fait inoffensifs.  C'est une des plus nombreuses communautés religieuses étranges qui vivent sur le sol américain, avec les Mennonites, les Davidiens, et quelques autres qui refusent le progrès.

Dieu est omniprésent dans la société américaine, et jusque dans les discours du président, quelque soit son bord. 

Les militants LGBT ont beaucoup de fil à retordre avec les congrégations religieuses qui s'opposent aux droits spécifiques avec l'à priori que, s'agissant de la parole de dieu, elle ne saurait être négociée.
En France, l'argument n'est développé que par quelques Boutin et Barbarin..., mais il y a moyen de parler sérieusement du sujet avec des interlocuteurs libres de leurs opinions.

Pour être complet, nous avons aussi vu une mosquée, bien pimpante, près de Washington






mais il existe aussi d'autres lieux où l'on pratique très assidûment d'autres conceptions métaphysiques...
 La voyante extra-lucide. En voici un bel exemple, avec fleurs et néons.



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