14° San Francisco





 

San Francisco


Premier contact...


L'arrivée à San Francisco par l'est, après la traversée des riches vergers et de vastes vignobles de la région de Manteca, amène le voyageur à affronter les étranges dunes de Dublin Hills, aux prairies veloutées d'un duvet ocre jaune, et que les sentiments hautement écologistes des Californiens ont couvert d'éoliennes.



Puis on aborde la presqu’île de San Francisco par le pont de San Mateo, qui consiste en une longue poutre de ferraille qui serpente au-dessus du golfe.

Lorsqu'on dit San Francisco, tout le monde pense au pont du Golden Gate. C'est sans doute le plus spectaculaire de tous les ponts de la baie, mais c'est aussi le plus court !

Ce qui n'enlève rien à son importance puisque le tour de la baie mesure près de cinq cent kilomètres... Que personne ne parcourait, rassurez-vous: avant le pont, il y avait des bacs. Nous en visiterons un.

Nous voici donc, venant de l'est, et donc face à l'ouest et face au soleil couchant,  devant le pont San Mateo qui nous mène au sud de la ville.



Notre destination finale est la ville de Petaluma, située à 70 km au nord, où un ami peut nous loger. Il va donc nous falloir traverser toute la ville et emprunter vers le nord le fameux Golden Gate.

Alors que nous avons eu une journée radieuse, les photos ci-dessus en témoignent, nous découvrons soudain le mystère des brumes de San Francisco. Nous sommes le 16 août, donc en plein été. Il est environ 18 heures. Brusquement, on entre dans un décor de polar.

La cuvette où se trouve nichée la ville ainsi que les collines environnantes sont parées presque en permanence de voiles de brume, très mobiles, qui se déplacent à vue d’œil d'une seconde à l'autre, découvrent un coteau pour en couvrir un autre,  masquent et dévoilent tour à tour les grands ponts, se glissent entre les maisons comme d'étranges ectoplasmes.

Ces voiles de brume sont difficiles à décrire par la photographie, puisque précisément la mobilité est leur principale caractéristique. La ville ressemble en permanence à un plateau où on tournerait un film d'horreur: les écharpes de brume arrivent à la vitesse d'un train, s’engouffrent dans une rue, tournent au coin d'une maison, et disparaissent subrepticement comme ils sont venus. Un fantôme passe.

Nous avons roulé au soleil depuis Jamestown le matin, franchi le premier pont avec le soleil couchant dans l’œil, et en plein centre-ville, soudaine attaque des brumes. Les pylônes du Golden Gate, que nous avions vus de loin se détacher sur un ciel bleu disparaissent maintenant dans le coton et nous arrivons en plein brouillard sur le célèbre pont.


La preuve en images. Le pont mesure deux kilomètres.  Voici trois photos prises à trente secondes d'intervalle. Lorsque nous entrons sur le pont, le pylône du fond (nord) est complètement visible.


Le temps d'arriver au milieu du pont, la brume lui est "tombée dessus".






A la sortie du pont, nous stationnons à un belvédère. La brume a englouti le pylône sud, par où nous somme entrés sur l'ouvrage, et joue avec le pilier nord, dégagé pour quelques instants. Là,  on voit encore quatre alvéoles de ce pilier nord.



Et quelques instants, le tableau change.  Le tablier du pont disparaît à vue d’œil et le voile est descendu sur le pilier nord dont on ne voit plus que deux alvéoles.
Le décor est planté: Dracula peut arriver !



Sur le cette photo, on voit nettement, au fond, le coussin de brume qui couvre la ville...



Sitôt que nous nous sommes éloignés de quelques kilomètres de San Francisco la brumeuse, le soleil reprend ses droits,




et il resplendit à nouveau une demie-heure plus tard, lorsque nous arrivons à Petaluma, notre villégiature. (Mark, merci de ton hospitalité.)






Le lendemain, retour à San Francisco et à ses brumes baladeuses. Les réalisateurs de films de gangsters adorent tourner à San Francisco: les rues en escalier de sa ceinture de coteaux permettent de faire sauter les voitures.

Mais on comprend aisément pourquoi on voit très peu de limousines dans cette ville....




Les pentes sont très sévères: elle sont parfois aussi abruptes que des rampes de parking!  L'angle en abordant les rues "en courbe de niveau" est un angle vif...








La ville est aussi très fatigante pour les piétons,  les pauvres gens qui, comme moi, marchent difficilement. A moins de faire comme le dahu qui a deux jambes plus courtes d'un côté pour courir à flanc de colline, il est impossible de faire trois pas dans cette ville sans escalader des rampes bien plus dures que celles habituellement réservées aux invalides.
Ceux qui habitent là doivent avoir de sérieux freins sur leurs fauteuils roulants!



Et lorsqu'on arrive en voiture au bord du gouffre, de même que lorsqu'on aborde une intersection en remontant, impossible de savoir ce qu'on va découvrir devant la haute calandre de sa voiture américaine...






On se déplace donc en hoquets pour descendre dans le downtown, la terre promise et plate qui longe la mer au nord-est de la ville.




Non sans apercevoir de très riches églises...





Et se demander comment on va bien pouvoir photographier les monuments si on en trouve, considérant qu'au fouillis inextricable des fils aériens typique de l'Amérique viennent s'ajouter ici des caténaires des tramways et des trolleybus, qui croisent et entrecroisent des tensions et des intensités différentes sans faire de feu d'artifice. (En tout cas, je n'en ai pas vu).

Ce sont de véritables aiguillages qui fonctionnent au-dessus de nos têtes à l'arrivée des trams et des trolleys...




Au hasard de nos pérégrinations, l'immeuble de l'autorité fédérale, il y en a un dans toutes les grandes villes,




dont l'approche s'avère peu hospitalière...





Et un très bel exemple d'absence de plan d'occupation des sols qui voit un édifice isolé trôner comme un furoncle dans une belle avenue.





Une fois arrivé en bas des escaliers, le "downtown", qui prend ici tout le sens du mot, ressemble à une ville étasunienne prospère.




...Avec de longues avenues entre les gratte-ciel qui me font penser à des rainures de parquet.





Des tours, des tours, et quelques immeubles un peu plus anciens, mais pas trop, attendu que la ville est régulièrement secouée par des tremblements de terre dévastateurs qui renouvellent efficacement l'habitat.







L'Embarcadero

Nous voici au bord du golfe.  Si vous pensez que ça va ressembler à la Croisette, vous allez être déçus.  L'avenue du bord de mer, qui s'appelle ici l' Embarcadero, est une très belle autoroute de deux fois six voies, plus les voies de trolleybus et les voies des tramways et quelques pistes cyclables. Il n'y a que les avions qui ne passent pas par là, mais ce n'est pas faute de place: ce serait assez large...




A l'est, on voit le Bay Bridge, qui est le plus grand pont du golfe de San Francisco. ( 7200 mètres!) Il mène à la ville d'Oakland, dont on voit les grues portuaires au lointain.

Et encore, de l' Embarcadero, ne voit-on que la première moitié du Bay Bridge. Il "fait escale"  sur une île, la "Treasure Island", (Yerba Buena Isla) pour les Mexicains,  que l'on voit couverte d'arbres à gauche des photos. Au-delà de l'île se développe la seconde partie du Bay Bridge, aussi longue et haute que la première.

Si le Golden Gate est plus connu pour sa couleur rouge, le Bay Bridge "brille" par ses illuminations. Les jours où il n'y a pas de brouillard, en tout cas.
Le voici tel que je n'ai pas pu le voir, puisqu'avec notre chance habituelle, il était éteint le jour où nous sommes passés là le soir...

©  Wiki

Voici ce que j'ai pu voir... Un jour presque sans brume.




Le Bay Bridge a eu quelques petits soucis avec les tremblements de terre. La pile en béton remplace un pilier métallique mis à mal par le séisme de 1989. C'est de l'autre côté de l'île que l'ouvrage a le plus souffert: on est carrément en train de le reconstruire. On passe encore sur l'ancien, mais le nouveau prend forme à côté. A court terme, le tronçon actuel sera détruit.


Je suis en admiration devant ces grands ponts qui abordent la terre au-dessus du toit des immeubles. Ils m'impressionnent.  Les Américains sont de grands constructeurs de grands ponts, et au moins à ce titre, ils ont droit à toute mon admiration.




Le Bay Bridge a deux étages. A l'origine, les voies ferrées passaient "dedans", et la circulation routière au-dessus. Depuis la réalisation d'un tunnel, les trains ne l'empruntent plus. Seul une autoroute le traverse: vers l'ouest on roule dessus, vers l'est, on roule dedans.




L'Embarcadero mesure près de 3 miles. (environ 5 km.)






Au milieu trône l'ancien immeuble des autorités portuaires.





Il a été transformé en galerie marchande, et sur le forum attenant, du côté de la mer, on est surpris par la présence d'une statue de Gandhi...












Quelques kilomètres plus loin, les guides touristiques promettent le "Fishermans Wharf."   La "Jetée des Pêcheurs".  Je m'attendais à quelque chose du genre "Vieux Port" de Marseille. 

C'était oublier qu'on est en Amérique. Le Fishermans Wharf est une longue et large jetée qui abrite un parc d'attraction, des boutiques de souvenirs et une cinquantaines de mauvais restaurants hors de prix.









Un tour en ville


Nous reprenons donc une "rainure du parquet" vers d'autres quartiers de la ville.



L’hôtel Potter. Sorcellerie à tous les étages?




Un vieux cinéma..




Un autre vieux cinéma...



Et un aperçu de la place dévolue au stationnement dans une ville bien tenue comme San Francisco, où on ne veut pas que les terrains à ciel ouvert se transforment en parkings payants comme dans tant d'autres cités.
Le résultat est un peu angoissant: des pâtés de maison entiers, -et pas des petits!- abritent des étages de parking.
Avec ceci de regrettable: ici comme à New York, les enseignes lumineuses les plus spectaculaires sont celles des parkings !



Nous parvenons, vers le sud, à une partie moins agréable de la ville...






Retour vers les quartiers des coteaux, notamment Twin Peaks (il y en a aussi un ici, mais ce n'est pas celui de la série, qui est au Texas), et Clarendon Heights, le Neuilly local.

En repassant sous la toile de l'araignée tramway-trolleybus,




Et en tournant à gauche ici, au coin de Market street et de Castro street, on arrive à Castro, le quartier gay.   (On va y revenir)




La majorité des maisons individuelles de San Francisco est de style victorien. Logique: la ville a été anéantie par un tremblement de terre suivie d'un incendie généralisé en 1906, et immédiatement reconstruite. Or la reine Victoria venait de mourir (1901) et le style s'était propagé aux quatre coins de l'empire britannique. Autant dire de la planète.













Gaffe: ce n'est pas un tire-poubelle, c'est le triporteur qui sert aux shérif-adjoints à relever les parc-mètres. On essaie de ne pas le pousser dans la descente, même si l'envie ne manque pas.






Sous les les palétutu, sous les palétuviers...










Et un transfo au pyralène qui se balance au-dessus de nos têtes...









Le palais à droite est une église scientologue. Il y en a qui ne manquent pas d'air, eux ne manquent pas d'argent non plus.
































Le Musée des Tramways


Le guide nous avait indiqué que la ville comportait un musée des tramways, rassemblant une belle collections de véhicules de plusieurs continents. (En fait, il faut savoir qu'il y a très peu de constructeurs de tramways, que dans les années 30 il y en avait encore moins, et que c'est quasiment un modèle unique américain qui a été vendu sous licence dans le monde entier, et même en Europe...) 

Et donc, la surprise, c'est que les tramways historiques n'attendent pas le visiteur dans un hangar.  A San Francisco, ils roulent sur une ligne unique très longue qui parcourt l'Embarcadero sur toute sa longueur depuis Fishermans Wharf, puis traverse toute la ville le long de la très longue (et très large) Market Street, qui est l'artère principale, jusqu'à Castro.

Oui, Castro, on va y revenir. Patience.




Tous ont été restaurés dans leur livrée d'origine. Ainsi, sur leur passage, on peut voir ceux qui roulaient à Philadelphie, à Melbourne, à Edimbourg, à Glasgow, à Baltimore, Sydney, Dallas,  etc... Ils viennent de partout. Prix unique de la place: 2$.
Ces tramways appartiennent à une compagnie privée qui n'a rien à voir avec celle des trolleys, trams modernes, (il y en a aussi sur d'autres lignes) et autobus. Et le fameux cable-car dont nous parlerons plus loin est une troisième compagnie privée.  Amérique oblige.
J'ignore absolument s'il existe une tarification unifiée...




Jetons notre dévolu sur un beau vert que je vois arriver de loin...



La bête est prise dans mes filets. Elle ne m'échappera pas.




Bonjour Madame ! Have a nice day ?
May I take a picture ?




Thank You !


Au revoir Madame...

La grande armoire en acier inox près de la conductrice est le coffre-fort. On jette ses sous dedans, il n'y a pas de rendu de monnaie, et la tirelire ne peut être vidée qu'au garage le soir. Les bus fonctionnent avec le même système.




Le soir, harassés après un repas mauvais et onéreux à Fishermans Wharf, nous en reviendrons par un de ces tramways, bondé, pour regagner notre voiture.

On note qu'il y a deux rangées de fenêtres en hauteur:   une pour les voyageurs assis, et une autre pour le voyageurs debout.




C'était celui-là. Un ancien de Minneapolis.




Je ne sais plus lesquels sont lesquels.








Il y en a de toutes les couleurs.






Un beau rouge de Philadelphie. (où nous serons la semaine prochaine)...




Et ce bel orangé?   De Turin... (Italie).








Le cable - car


En anglais, il n'y a pas d'accent circonflexe sur le a...


C'est une des légendes de San Francisco: le cable-car.

Il y en a quelques uns sur la planète, même un à Paris, à Montmartre,  mais celui de San Francisco est le plus connu.

Son réseau est étendu, sa technologie ancienne mais perfectionnée, (il prend des virages et traverse des aiguillages), et ses exploitants (privés) font tout ce qu'il faut pour sa célébrité.

Les "San Franciscains" ne sont pas séduits, l'estiment dangereux, et m'ont chaudement conseillé de ne pas l'emprunter. "Il y a beaucoup de pannes, disent-ils, un jour, il y aura un accident".

Un site, ici, explique aux néophytes comment fonctionne le système. J'ai vu le site, j'ai vu le tram, j'ai entendu les terribles grincements pendant qu'un des employés se débattait avec l'un des deux gros leviers qui sortent du plancher, et je n'ai toujours pas envie de monter dedans!

J'ai compris, en gros, qu'il y avait un câble motorisé qui courait dans un rail central entre les roues, et que la voiture avait le loisir de s'y accrocher ou de s'en décrocher.

Ce qui m’inquiète le plus, c'est justement la faculté qu'elle a de s'en décrocher, surtout après la photo que vous allez voir...

Voilà donc le bolide, soigneusement entretenu dans son costume d’époque, qui constitue une part de sa célébrité.





 Si on se penche à l'intérieur, on voit deux gros leviers.


Si on prend une photo, on ne comprend pas davantage, sauf qu'il vaut mieux regarder où on met les pieds...



On peut atteler plusieurs voitures ensemble.




Les touristes japonais adooorent le cable-car.




Le cable-car est habile: il traverse des aiguillages... Sans se décrocher.




Suivons le en voiture...




Et prenons la photo au bon moment. Merci San Francisco et ses rues en escaliers. Clic! Voilà tout ce qui se passe sous le cable-car.

Autant dire rien !

C'est ce petit bout de ferraille gros comme un ouvre-boîte, une quéquette de ouistiti,  qui tire tout le train dans les terribles côtés de California Street ?



Merci, les amis. Je vous laisse continuer votre voyage sans moi. Déjà, je déteste les grand huit et scenic railways, mais alors, le petit train en folie, merci.





En fait, je vais même vous suivre à distance. Au cas où...











Croisière dans la baie.
Golden Gate,  Alcatraz... 


Au programme, ce matin, deux heures de bateau autour de la ville, entre les deux ponts avec un tour d'Alcatraz.

Voici le bateau qui doit nous emmener. Il a l'air presque minable, comme ça, mais on n'imagine les moteurs qui se cachent là-dedans que quand on est en mer. Cela vrombit très puissamment sous nos pieds, bruit du genre mugissement de moteur à essence en V, le nez du bateau se soulève quand il met les gaz et votre coca remonte tout seul dans la paille jusqu'à vos narines.

Nous allons faire plusieurs dizaines de kilomètres en deux heures. Et certains, notamment sous le Golden gate, qui est ouvert sur le large, avec une forte houle.




Un liberty-ship attend le touriste sur un quai voisin. Nous en parlerons plus tard.

(Les liberty-ship sont les quelque 2000 cargos construits à la hâte par les USA entre 1941 et 1945 pour apporter troupes et munitions en Europe et dans le Pacifique. Cible des sous-marins allemands et des avions japonais, ils seront presque tous coulés.)




Tournons le dos au Bay Bridge pour foncer vers l'ouest, vers le Golden Gate bridge.




Lassé des climatiseurs, Morgan, comme moi, happe à pleins poumons l'air du grand large.  Ou alors, il vient de s'échapper de la prison d'Alcatraz, visible derrière lui...



Objectif à l'horizon, mais il y a encore un gros quart d'heure de navigation pour y arriver.




Derrière nous, la ville s'éloigne.
Enfin, oui bon: elle semble s'éloigner...






De nombreux véliplanchistes évoluent autour du Golden Gate. Détroit entouré de deux montagnes, il accélère les vents qui passent par son goulet. Mais l'endroit est aussi "la porte étroite" de l'immense baie de San Francisco, et les courants y sont très violents.

En plus, il y aurait des requins. Sûrement en quantité, attendu qu'on voit un très grand nombre d'otaries, qui sont leur nourriture favorite. Ce sont ces requins qui rendaient l'évasion d'Alcatraz si aléatoire...

Quand les otaries font surface, on voit une toute petite tête noire apparaître à la surface au milieu du golfe. A la première, des passagers ont alerté le capitaine en croyant avoir vu un naufragé.





Ha ha! Mieux que les guides touristiques, Brethmas vous montre les dessous du Golden Gate !







Et nous voilà au-delà du pont, dans les eaux du Pacifique, cinglant vers le large.






Sous le pont, au loin, entre les véliplanchistes et le cargo chinois, Alcatraz...






Bon, faut pas exagérer non plus. Allez, on va revenir. D'ailleurs, les véliplanchistes ne s'aventurent pas loin au-delà du pont...




Et on s'éloigne du Golden Gate au moment où le soleil va peut-être l'éclairer.
C'est toujours comme ça.




Et faisant route verts l'Ouest, on se rapproche d'Alcatraz.
Prison légendaire dont vous trouverez ici l'histoire et la description.
De loin dans la brume, Alcatraz a la forme d'un navire... 




Notre bateau va s'en rapprocher et en faire le tour..
















On peut aller visiter cette ancienne prison et s'étendre sur la couchette d'Al Capone. Un service hôtelier permet même de passer la nuit dans certaines cellules. L'Amérique, quoi.
Une luxueuse vedette, ici à quai, fait la navette avec l'Embarcadero.





Vois voilà prévenus..




Adieu Alcatraz à contre-jour dans le soleil couchant,




et retour vers la ville.

Au fond, la partie ouest du Bay Bridge, Treasure Island étant à gauche du cliché.




Ici, on voit les deux moitiés du Bay Bridge, avec Treasure Island au milieu.




Et là, un zoom (sans pied sur un bateau qui tangue) admirablement réussi par votre serviteur vous montre la partie est du Bay Bridge.  L'ancienne, en ferraille, au premier plan, encore utilisée mais vouée à la démolition, et le nouveau pont, juste derrière, un grand pont à haubans avec pilier central.







Au fond, les grues du port d'Oakland, que nous essaierons d'aller voir après-demain. Je dis "essaierons" parce que nous verrons Oakland, mais nous ne pourrons jamais nous approcher des grues.

Les voitures sur le pont sont haut dans le ciel... 




Le San Francisco Spirit, célèbre pour sa piste de danse en marbre. Ne manquez pas de le louer pour votre prochain pince-fesses...




Quelques jeux photographiques,




Un petit poster, ou un fond d'écran??




Et retour à l' Embarcadero, qui devient du coup un debarcadero, mais où nous sommes attendus...



...par nos amies les otaries (non pas les phoques!. Qui a dit "les phoques" ?)... les otaries qui viennent se reposer ici dans un endroit que les requins ne fréquentent pas.

Ne croyez pas qu'elles attendent de la nourriture: il est interdit de leur en donner et ça ne badine pas: elles appartiennent à la faune classée de la baie. Grosses amendes garanties.


















Ce sont toutes les mêmes: les noires sont mouillées, les marrons sont sèches...



Retour sur la terre ferme





Petite promenade sur une jetée au crépuscule...




et adieu au Bay Bridge que rosit le soleil couchant....








Castro

Nous décidons d'aller dîner à Castro.

Castro, c'est le quartier gay de San Francisco, mais aussi un des hauts lieux de la conquête des droits et libertés LGBT au XX° siècle. C'est aussi un grand cinéma ancien mais toujours bien vivant qui a joué un rôle dans cette histoire:

 C'est dans cette salle que Harvey Milk tenait ses meetings électoraux.




Nous trouvons pour dîner une petite bonbonnière du goût le plus exquis avec plein de pépères très très gentils.
 




Je prends une paire de photos en douce, mais je me fais pincer par le patron qui me demande de m'expliquer.




Il exige donc immédiatement d'être pris en photo avec le blogueur français et de paraître sur le blog.
Promesse tenue:



Castro est un quartier où on se sent chez soi: il y a un drapeau arc en ciel à tous les réverbères...








Et en cette période où le mariage pour tous est d'actualité, -en Californie aussi, il y a des cons qui veulent l'abroger-, les trolleybus participent à la campagne en affichant: "Equality for all".

A propos, si vous vous demandiez à quoi servent les ferrailles à l'avant de tous les autobus américains, voici la réponse: à transporter les vélos...






Un "Musée de l'Histoire LGBT" raconte l'histoire de nos combats en Californie. (Combats qui ont fait bouger bien des lignes à travers le monde...)






Voici le premier drapeau arc-en-ciel de l'histoire de la galaxie. Il a été cousu par bandes et on peut même voir la machine à coudre historique qui a servi à le fabriquer.



Le musée contient surtout une collection de documentation.
Certaines rappellent de vieux souvenirs, comme la lutte contre le parti "Moral Majority" d'Anita Bryant dans les années 80, dont le slogan était "Kill a fag for Christ", et qu'aucun tribunal américain n'a jamais daigné qualifier d'incitation au meurtre. Ni même à la haine.



Les premières revendications d'homoparentalité datent du début des années 80...




Et la souffrance des musulmans gay était, elle aussi, déjà prise en compte à cette époque...



Voici une vue des "White Night Riots" du 21 mai 1979, au cours desquelles le quartier du Civic Center fut ravagé, et plusieurs établissement gay de Castro vandalisés ensuite par la police en guise de représailles.

 


Je résume l'histoire. En décembre 1977, Harvey Milk, militant LGBT plein de charisme, (voir le superbe film), est élu  au Conseil municipal de San Francisco, représentant du 5° district, qui comprend, bien au-delà de Castro, Buena Vista, Clarendon, Corona, etc... 

Le 29 Novembre 1978, Harvey Milk et le maire George Moscone sont assassinés à coups de revolver dans leur bureau de l'hôtel de ville par Dan White, l'homophobe républicain  que Milk avait battu aux élections l'année précédente.

Dan White est arrêté et jugé. Alors que tout le monde s'attendait à ce qu'il soit condamné pour meurtre au premier degré avec préméditation, White est condamné pour "homicide involontaire". Se rendre à l'hôtel de ville avec un revolver pour tirer six balles dans le bureau du maire, à bout portant sur le maire lui-même et un conseiller pédé, c'est juste un accident.

La population de Castro se rassemble devant le palais de Justice, et la police, emmenée par un chef homophobe, tente de l'en déloger. Résultat: batailles et émeutes qui dureront toute la nuit. Moulinets de sac à mains et escadrilles de cils à basse altitude: la police compte de très nombreux blessés, beaucoup plus que les manifestants. Voilà ce que c'est de sous-estimer l'adversaire.... !

Le lendemain,  la police, à titre de représailles, procède à de brutales descentes dans les établissements gay de Castro,  exactions accompagnées d'arrestations arbitraires, de passages à tabac et de saccage des locaux. Les émeutes reprennent de plus belle.

Il faudra que Dianne Feinstein, "la" maire élue à la place de Moscone, assassiné, démette le chef de la police et le remplace par un autre "gay friendly" pour que les choses rentrent dans l'ordre.

Et le slogan LGBT fut: "No apologies".   On ne vous doit pas d'excuses.




Voilà ce que peut faire une communauté quand elle sait ce qu'elle veut.

Et voici, excusez la photo un peu "hâtive", je suis au volant avec le bras gauche tendu par la fenêtre,  l'hôtel de ville de San Francisco où Harvey Milk et George Moscone furent assassinés en 1978. Une stèle dans la cour intérieure rappelle ce triste événement.











Le Parc du Presidio

The Palace of Fine Arts 


En 1915, San Francisco
organisa La Panama - Pacific - International Exposition, une grande manifestation qui devait à la fois célébrer l'ouverture du canal de Panama et la "résurrection" de la ville après le séisme-incendie qui l'avait anéantie en 1906.

Dix pavillons furent construits, dont le Pavillon of Fine Arts.

Le voici en 1915.
Il se composait de cette rotonde avec son lac, appelé "lagoon" et sa "pergola" en hémicycle, qui cachaient, derrière eux,  une vaste construction  qui était le musée à proprement parler.

 © Wiki



Après l'exposition,  les pavillons furent détruits, sauf celui-ci, qui trouva grâce auprès d'associations qui réussirent à le sauver.  

(Le cas n'est pas unique: si Paris possède aujourd'hui la Tour Eiffel et le Grand Palais, tous deux jadis promis à la démolition, c'est aussi parce que des amateurs ont réussi à les sauver...)

Le musée connut des destins divers, fut utilisé comme entrepôt et même comme caserne de pompiers.

La rotonde,  les gloriettes et pergolas n'étaient pas construites pour durer. C'était du staff sur des charpentes métalliques. 

En 1964, tout brûla...




Les San Franciscains étaient tellement attachés à leur parc du Presidio et à leur Palace of Fine Arts qu'ils décidèrent de les reconstruire. 

Ce que nous voyons aujourd'hui est donc une reconstitution en béton composite ultra-moderne, réalisée en copie conforme de ce qui existait avant. 

Du temps qu'ils y étaient, le bâtiment du musée fut également restauré et rendu à son usage original, il redevint musée d'art pour quelques années.   

Après la création d'un musée d'art en centre-ville, il fut transformé en 1969 en "Exploratorium", une sorte de Cité des Sciences comparable à la Villette de Paris, et il se vit adjoindre un auditorium de 1000 places.






Le parc, la rotonde, la pergola et son lagon constituent aujourd'hui un lieu de promenade bucolique très agréable.































Le Golden Gate par surprise.


Ce matin là...

Pas de brume à l'horizon... 
C'est l'occasion. Subrepticement, on se glisse dans la voiture et on parvient au belvédère sans se faire repérer par le génie des brumes.

J'aurai donc MES photos du Golden Gate au soleil, avec ciel bleu et tout.
Mais ne vous y méprenez pas: les brume sont là: elles guettent sur les hauteurs. Dans une heure, elles seront revenues.
Trop tard!









Et une photo  du même pendant sa construction. (1933-37)









Le Cinéma Castro.

Vous avez peut-être remarqué que les salles de spectacle, cinémas et théâtres divers, ça me démange un peu.

Surtout celui-là qui a le double mérite d'être en activité quotidienne et d'avoir servi de salle de meeting à Harvey Milk.

Alors, ce matin là, je retourne rôder autour.












En traînant dans le hall, je rencontre un brave homme avec des tournevis qui dépassent de la poche. C'est l'opérateur. Je me présente.




Quelques instants après, je suis dans la place.
Remarquez la console de l'orgue devant la scène.




Le lustre et le plafond...




L'une des montres des tuyaux de l'orgue. Il y en a une de chaque côté de la scène.



Parce que comme tous les beaux grands music-hall, le Castro est pourvu d'un orgue à tuyaux, un authentique Wurlitzer, dont un organiste vient jouer tous les soirs avant la séance, m'assure l'opérateur.







Montons au balcon...




Si on imagine que "l'enveloppe extérieure" du théâtre est un cube de béton, la moitié de sa largeur est occupée par des coulisses et la montre des tuyaux de l'orgue. Le cadre de scène est très petit. 

La salle est mieux adaptée au music-hall et au théâtre qu'au cinéma... L'écran du Castro mesure 9 mètres. Il pourrait en faire 20.

 Lorsque le cinéma lance le Cinemascope en 1953, puis le 70 mm. en  1955, il sonne le glas des salles classiques à proscenium.
Mais c'est au pays des inventeurs de l'écran large que cet appel n'a pas été entendu! 

Alors que nous avons eu après guerre un bon nombre de salles à écran large en Europe, les Américains ont continué à exploiter leurs "Music-halls" à petit écran et salle unique, et  attendre l'ère des complexes hors-la-ville (fin des années 80) pour en posséder...






Le plafond du balcon. Plongé dans les ténèbres, et mon flash n'est pas très puissant...






Et même la cabine de projection.
Westrex 35/70 mm.  Peu répandu en Europe où l'on a plutôt connu la version 35 mm seul. Excellentes machines...

La cabine contient aussi un projecteur numérique qui, tôt ou tard, aura le dernier mot, malgré l'insistance des puristes à projeter de la pellicule...




D'ailleurs, au programme, ce soir, "Vertigo"  (Sueurs froides) de Hitchcock, en vrai 70mm...
Un film qui a été tourné en 35 mm...! en 1958...
Les Américains ont tiré beaucoup de copies 70 mm de films 35 mm pour les passer dans les drive-in, où la puissance de la lumière faisait fondre le 35 mm. Le 70, dont la fenêtre de projection est quatre fois plus grande,  dissipe beaucoup mieux la chaleur. Voir mon chapitre sur les drive-in au chapitre 3 de ce blog.

Il doit leur rester de nombreuses copies sur les bras, attendu qu'il n'y a pratiquement plus de drive-in... Il faut bien les exploiter.



Curieusement, il n'y a que trois théâtres "à l'américaine" dignes de ce nom à San Francisco.  Le Castro est l'un des trois. (le plus ancien). Les deux autres:

Le Herbst Theatre:

© blog.sfgate.com

et le très grand Orpheum:


© sftravel.com


© dest360.com









Le  Musée  Maritime


Le Musée Maritime, sur l'Embarcadero,  cela commence par un attrape-nigaud.
Le vendeur de tickets vous laisse croire,  (il ne le dit pas, mais il ne le nie pas...)  que le Liberty Ship et le sous-marin que l'on peut voir au quai voisin font partie de la visite qu'il vous propose.

Faux!  ces deux navires se visitent séparément à un tarif supérieur pour chacun d'eux aux trois navires du musée. Nous nous sommes contentés du musée...


D'abord le bac Eureka. Construit en 1880, il faisait le service entre San Francisco et Oakland avant la construction du Bay Bridge.

Signe particulier: le plus grand bâtiment à vapeur entièrement construit en bois actuellement connu. Machine à vapeur centrale et propulsion par aubes latérales. Absolument symétrique: fonctionne de la même manière dans les deux sens. 

Longueur: 91,50m
Largeur :   24 m.
Tonnage: 2400 tonnes.
Il pouvait transporter 2300 passagers et 120 automobiles.

Quelques voitures et camions anciens sont d'ailleurs exposés à l'intérieur.





















Sur le pont supérieur, à gauche, la cabine des premières. A droite, une cabine "Ladies only".










Vos deux troubadours posent pour la postérité...







Ceci est un remorqueur à vapeur et à aubes dont la restauration n'est pas terminée, et qui ne se visite donc pas.
Construit en Angleterre en 1914.
Signe particulier: possède deux machines à vapeur indépendantes, chacune actionnant un aube. Il peut donc tourner sur place.
L'histoire ne dit pas si les lignes droites sont bien droites...





Un grand voilier, le Balclutha. Un clipper trois mâts.

Coque métallique. lancé en 1886 à Glasgow.
Longueur: 92 m; dont 78 m. de pont.
Largeur : 12 m.
Tonnage: 1698 t.
Hauteur du grand mât: 41,2 m.













 Un petit tour dans les cales...








Le carré des officiers...










Le poêle avec lequel l'équipage pouvait se chauffer,  et la pompe d'écopage pourvue d'un moteur à essence deux-temps.




Les quartiers de l'équipage.






Et la cuisine. (à charbon).




Le treuil de l'ancre, mu par l'équipage avec un cabestan sur le pont.
(L'arbre vert qui part vers le plafond entraîne le treuil avec un engrenage en renvoi d'angle bien visible sur la photo.)















Et un puissant remorqueur de haute mer, l'Hercule.

Construit en 1907 dans le New Jersey, près de New-York, mais aussitôt envoyé à l'entrée du canal de Panama, en construction, pour déplacer des caissons du chantier.
Puis il est racheté par un armateur californien avant l'achèvement du canal de Panama. C'est donc par le cap Horn qu'il arrive à San Francisco en 1912 où il travaille trente ans dans le port.
En 1942, il est envoyé à Pearl Harbour, à 3500 km en plein Pacifique, pour dégager les épaves de l'attaque japonaise.
Il revient travailler à San Francisco en 1946, où il est finalement mis à la retraite et offert au musée.

C'est ce type de bateau qui sert de modèle au dessinateur de Popeye.

Longueur: 46 mètres.
Largeur 8 mètres.
Tonnage: 410 tonnes
Puissance: + de 5000 cv. Hélice.
Trois pistons.
Chaudière à pétrole.
Équipage: 16 personnes...








La salle des machines. Il y a encore un niveau en dessous de la grille, inaccessible aux visiteurs.






La chaudière, et en dessous, le brûleur.




Cuisine, salle à manger.






Et le treuil de remorquage, dont je n'ai pas saisi la source d'énergie.




A l'entrée de la jetée, une des aubes du bac "jumeau" de l'Eureka...




Un sous-marin de la guerre du Pacifique,




et l'un des rares liberty ships encore à flot...








dont il aurait fallu payer, -très cher- la visite en supplément du Musée Maritime.




1 commentaire:

  1. superbe reportage ! ça me donne inévitablement l'envie d'y retourner (mais déjà 2 fois 10 jours cette année)
    http://neverenoughsf2015.blogspot.fr/2015/09/j-mois-combien.html

    je vais lire les autres pages pour, peut-être, choisir une autre ville la prochaine fois

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