25° La Grande Loge de Pennsylvanie






La Grande Loge Maçonnique 
de Pennsylvanie.


"La Franc Maçonnerie est une institution qui travaille au perfectionnement de ses membres,  et à l'amélioration de l'Homme et de la société".

C'est au moins à travers cette maxime, et de quelques symboles,  que les franc-maçons libéraux européens et les franc-maçons anglo-saxons peuvent se reconnaître. Dans la pratique, si tous les chemins mènent à Rome, à la perfection pour les maçons, l'histoire (et le fait religieux) les ont séparés et leur ont interdit de collaborer.
Néanmoins, les uns et les autres font ensemble le plus de choses possible qui échappent encore aux protocoles et aux principes qui les séparent.

La franc-maçonnerie américaine est très différente de la franc-maçonnerie européenne.

Elle n'est pas la seule société philosophique à rassembler des hommes autour d'un idéal et d'un rituel "maçonnique" pour travailler à l'amélioration de la société.
A côté, mais en bonne intelligence avec la Franc-Maçonnerie "officielle", il faut distinguer, notamment, les Shriners, les Odd Fellows, et Prince-Hall, une obédience jadis fondée par les afro-américains en réaction au refus des loges anglo-saxonnes d'initier des noirs.....
Car si, en France, le premier noir  franc-maçon fut le Chevalier de Saint Georges, reçu à la Loge des Neuf Sœurs en 1768, il n'en est pas de même aux États Unis où l'obédience de Prince Hall n'a fini de normaliser ses relations avec les Grandes Loges Américaines que dans le dernier quart du XX° siècle! Et ce pour une histoire de couleur de peau. Dans certains états, la ségrégation a eu la peau dure...et la fraternité universelle est passée par des chemins détournés...

Si les travaux de la franc-maçonnerie américaine sont, comme en Europe, réservés aux membres, leur existence est publique. A l'entrée de chaque ville qui possède une loge, l'adresse de celle-ci est affichée avec les horaires des réunions, les réunions du Rotary-club, du Lyons-club, les églises et paroisses diverses et autres institutions de bienfaisance locales.

Le temple maçonnique est souvent un monument, -il en existe de splendides-, et le Grand Maître local élu est une personnalité connue de la cité, invité aux événements importants, bien qu'il ne se mêle pas (officiellement) de politique.

Il existe une Grande Loge par état. Donc en principe 50. Certaines sont prééminentes, comme celle de Pennsylvanie. D'autres très discrètes...

La franc-maçonnerie américaine exige de ses membres de croire en dieu, alors que plus de la moitié des franc-maçons français - et beaucoup en Europe-,  considèrent les conceptions métaphysiques comme relevant de la vie privée et de la liberté de conscience de chacun.

Presque toutes travaillent au rite d'York,  qui doit être pratiqué de mémoire.
La Salut se fait par "Dieu te garde" et l'emblème est une croix templière avec l'inscription en latin "Par ce signe tu vaincras". C'est dire si nous sommes loin de la laïcité établie comme source d'harmonie et base de travail par les obédiences libérales européennes.

La franc-maçonnerie américaine est une œuvre de bienfaisance publique. Elle suppose donc de la part de ses membres une participation financière substantielle, même si une bonne gestion de la plupart de ses institutions (hôpitaux notamment), permet de les rendre autonomes, voire bénéficiaires.

Lors des réunions des franc-maçons américains, on ne peut parler ni de politique, ni de religion, ni "d'aucun sujet propre à diviser les frères". Autant dire de pas grand-chose.  La franc-maçonnerie libérale européenne, elle, travaille sur des sujets d'actualité,  sociaux, religieux, politiques, des faits de société, notamment par  la promotion de la laïcité.

Il me semble préférable de travailler à débattre sans se fâcher sur des sujets d'utilité publique que de mener des entretiens de marquise sur le sexe des anges.
Mais ce sont des Anglais qui ont établi le principe, et ceci explique sans doute cela.

La franc-maçonnerie américaine traditionnelle a un problème de renouvellement de ses effectifs, qui vont en diminuant et en vieillissant depuis trente ans.
A côté de cela s'implante depuis une vingtaine d'années dans quelques grandes villes une franc-maçonnerie libérale, "à la française", dont les effectifs, s'ils sont encore minoritaires, sont par contre plus jeunes et en pleine expansion.
La franc-maçonnerie américaine mute donc en changeant de génération.

La franc-maçonnerie "anglo-saxonne" puise ce qu'elle estime être sa légitimité dans sa reconnaissance par la Grande Loge Unie d'Angleterre, supposée faire la pluie et le beau temps en la matière.

Et ni la Grande Loge Unie d'Angleterre, ni donc par voie de conséquence, la Grande Loge de Pennsylvanie ne reconnaissent les obédiences et les franc-maçons libéraux.

En principe et dans le protocole. Dans la réalité, j'ai été reçu en tant que Frère par la Loge de Pennsylvanie qui, si elle ne peut m'inviter à ses travaux, m'a permis de visiter ses locaux historiques avec un groupe de franc-maçons américains avec qui j'ai pu avoir des entretiens passionnants.

Il m'ont donc reconnu comme un franc-maçon officiellement pas fréquentable, mais reconnu tout de même, la preuve en est que j'ai bénéficié du tarif réduit "freemason" :


Ne soyez pas surpris que l'accès à une visite et/ou un musée maçonnique soit payant pour un Frère-maçon. Il en est de même à Paris! La Maçonnerie a ses bonnes œuvres....

En résumé, ceux que j'ai rencontré sont très fiers de leur notoriété, mais nous envient notre liberté.

Tout ceci est un résumé en quelques lignes, d'un sujet que les nombreux livres qui le traitent n'ont pas épuisé, loin de là. C'est juste pour donner une idée aux "profanes". 



Le parvis du City Hall est  le "centre historique" de Philadelphie. L'immeuble de la Grande Loge y trône, avec, comme il se doit, son portail face à l'occident.






Juste devant trône la statue de Benjamin Franklin, dont on lira ici la biographie avec intérêt,.  Ce "Leonard de Vinci" à l'américaine, qui, ouvrier et autodidacte au départ,  fut à la fois savant, physicien, homme de lettres, imprimeur, éditeur, patron de presse, puis homme politique. 

Il est un des fondateurs de l'état de Pennsylvanie, président la la commission de rédaction de la constitution des États Unis créée par Thomas Jefferson, et co-rédacteur de la Déclaration d'Indépendance.

Benjamin Franklin fut membre, puis Grand Maître de la Grande Loge de Pennsylvanie, mais ne connut jamais cet édifice, qui ne fut achevé, brut,  qu'en 1875.



Foi, Charité...



Espérance.



Comme tout ce qui se visite aux USA, la Grande Loge possède sa boutique, façon Disney!

Nounours maçonnique pour susciter les vocations, casquettes en tout genre, bibelots, broches, épingles de cravate, foulards, parapluie, presse-papier. 




Vestes, gilets, chaussures de golf, cardigans, portez des équerres et des compas partout où vous le pouvez, un bienfait n'est jamais perdu.




Pas surprenant donc que la porte voisine dans le couloir soit celle du Grand Trésorier....



Nous voici au musée, qui ressemble à un musée maçonnique. Jusqu'ici, rien d'extra-ordinaire, sinon le lieu majestueux. Nous faisons aussi bien dans notre vieille Europe.





Ceci est un tronc, dit "tronc de la veuve". Il reste devant la porte.  Au rite d'York, l'argent n'entre pas dans le temple, même pour y être collecté.




Quand on vous dit que les franc-maçons ignorent les femmes, ne le prenez pas trop à la lettre.



Ça aussi, c'est la constante de tous les musées maçonniques: les cruches et pots, et autres pièces de vaisselle.

Si on en juge par la quantité de récipients œnologiques exhibés dans toutes les vitrines maçonniques, les franc-maçons ne doivent être que d'invétérés ivrognes.
A croire que ces gens-là ne font que boire et manger....



Une très belle maquette du Temple de Salomon, le temple de référence pour tous les franc-maçons, anciens et modernes.



Un vieil harmonium. Car les réunions maçonniques s'accompagnent volontiers de musique... Et quelques lutrins rescapés d'un ancien temple jadis détruit pas un incendie.


Un discret escalier de service nous conduit du musée au hall d'accueil des Frères.





Voilà ce hall d'accueil feutré et chaleureux où on se retrouve avant la réunion avec à la main, l'un des verres et pots qui sont maintenant au musée.
Derrière moi, une superbe cheminée où l'on peut faire un feu de bois, et dont j'ai raté la photo. Cette pièce est connue comme la "Benjamin Franklin room".




Le plafond est intéressant. Bien calé dans un fauteuil,  on peut y laisser errer son regard.




Chaque temple a un thème. Voici le premier, dit "oriental".
Les décorations sont inspirées par celles de l'Alhambra de Grenade.

Remarquez l'orgue, au premier plan.  Un vrai méchant trois claviers avec un pédalier. Mais électronique.






Voici le temple dit "gothique". La croix et la couronne sont l'emblème des Chevaliers du Temple. Le siège du "Commandeur" est une réplique du trône de l’archevêque dans la cathédrale de Canterbury.

Considérant son style et sa décoration, il est aussi utilisé par la seule loge du lieu qui travaille au Rite Écossais Ancien et Accepté. (plus répandu en Europe). 
Les très efficaces  bouches de climatisation du plafond constituent un discret rajout au style initial.

Elles transforment tout l'édifice en réfrigérateur. Ma bronchite en prend un vilain coup.






Ce couloir "à la voûte étoilée" est un symbole pour tous les franc-maçons du monde: si on voit le ciel à la place du plafond, c'est que le "Temple n'est pas achevé".  Et ne le sera jamais, puisque cet inachèvement symbolise l'inaccessible perfection




Sous le petit l'escalier s'ouvre une porte discrète...



Nous parvenons au temple "Ionique".


Toute la décoration de ce lieu raffiné est un exercice de style sur l'ordre architectural ionique.



Je ne savais pas que les Grecs avaient des moquettes psychédéliques... (et moelleuses...)





Mais ne nous attardons pas, nous en avons encore une douzaine à voir!


Voici le Temple Egyptien.
Certains rites maçonniques comportent un symbolisme égyptien. Sans doute en est-il de même ici, bien qu'on ne me l'ait pas précisé.  Je ne connais pas les arcanes du rite d'York. Mais sinon, à quoi bon pareil temple?









Le trône et le plateau (bureau) du vénérable sont en ébène massif...
Doucement avec le maillet !




Là, on entre dans la fantaisie avec laquelle les Américains classent les styles.
Ce temple est réputé de style Normand... mais les exégètes le qualifient de "Romantique Rhénan".

Je vous laisse choisir la lorgnette avec laquelle vous voulez le contempler. Bien que la moquette semble avoir été tondue récemment, on s'y enfonce jusqu'aux chevilles.



Sur cette photo, et à côté de Morgan, on voit la console de l'orgue réglementaire. Un gros méchant  comme les autres avec trois claviers et un pédalier. Mais toujours électronique.






Le plafond mérite un torti-coli particulier, que je me suis infligé pour vous.




Nouveau passage dans le couloir purificateur de la voûte étoilée.
 (A moins que ce ne soit un autre?   Notre GPS était resté dans la voiture...)




Une petite vue symétrique des escaliers qui vont de je ne sais où à plus loin encore.
Et même peut-être au-delà... 



" -Mais non, pas par là!" , nous dit notre guide.
" -Regardez donc derrière vous ! "




Monsieur le Marquis de La Fayette a sa place au panthéon des célébrités américaines et maçonniques. La Fayette est "le Français le plus populaire des États Unis".  On le considère comme un "père fondateur".

Georges Washington l'appelait "Mon Frère, mon Fils", et fut le parrain du fils de Lafayette, élégamment prénommé "George Washington"... 

Initié dans une loge militaire provisoire de Metz, où il était en garnison, La Fayette fréquenta de nombreuses loges américaines pendant ses trois séjours sur le nouveau continent.

Dont la loge "Alexandria" à Alexandria (DC), dont Washington fut Vénérable Maître sans désemparer, même pendant sa présidence de l'Union... 
(La capitale en construction sur l'autre rive du Potomac n'avait pas encore de nom...)
La Fayette fréquenta également une loge de Philadelphie lorsque Benjamin Franklin en fut le Grand Maître provincial en 1785.




"Bon maintenant, passons aux choses sérieuses", nous dit notre guide.
"Nous avons vu les petits temples, allons voir les grands..."
Et devant nos regards médusés, il pousse la porte de cathédrale de ce qu'il nous décrit comme "Renaissance Hall".

Un frisson nous parcourt. 

Le "Grand Chapitre de Royal Arch" tient ici ses travaux.



Je blague un peu avec notre guide.

" - Mais vous me dites que vous êtres de 250 à 300 frères par loge,  je ne vois ici que 120 fauteuils..."
" - Oh, mais me répond-il, on ne demande pas aux Frères d'assister à chaque réunion!"
" - Ah bon, ironisé-je... Parce que nous, nous ne sommes que 50, mais au moins 40 sont présents à chaque réunion... Nous travaillons dur..."
Il me toise d'un regard très britannique.
" - I see... "




Ici, on ne rigole pas. Il y a de grandes méchantes orgues à vent, des vraies. Pas électroniques!  Comme dans un music-hall, avec une montre des tuyaux de basses juste au-dessus de la console!
Cela fait un peu église, du coup... 






Puis passage par un de ces petits couloirs discrets dont ils ont le secret....



Vers un nouveau hangar à boeings.

Voici le temple Corinthien, achevé de décorer en 1903, dans les canons les plus rigoureux de l'architecture hellénique.



Où on nous montre des effets d'éclairage comme dans un music-hall, synchronisés avec de la musique.




Au cas où vous le chercheriez, l'orgue est au fond à droite...






" - Ici, il y a quatre cents places, me dit triomphalement notre guide
Nous nous servons en général de ce temple pour les initiations et les conférences publiques."

Là aussi, le peintre était visiblement très heureux du thème hellénique qui lui fut imposé.  On sent qu'il s'est éclaté...




Et pour finir, le "Grand Banquet Room" où les Frères aiment à se réunir après leurs travaux dans ce qu'ils appellent des Agapes.

Malheureusement, nous étions au mois d'août, la maison était officiellement fermée, et le Champagne n'était pas servi.




La visite aura duré une heure et demie...



Et on nous reconduit gentiment par un escalier dont on ne sait plus trop si on l'a déjà vu ou pas encore... Avec de magnifiques peintures.




Voilà. On sort de là un peu émerveillé, comme on sort de  Disneyland...

Notons qu'effectivement, août est le mois de fermeture, que l'immeuble était vide à l'exception de deux gardiens et de notre guide, mais qu'il était entièrement éclairé et fortement climatisé...










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