19° Detroit.










Detroit



L'arrivée à Détroit n'est pas différente des autres: quelques tours apparaissent dans le lointain, l'autoroute s'élargit et gagne des voies, et soudain, on est entre les maisons.

Il y a des villes où tous les chemins vous ramènent toujours au même endroit. A Chicago, c'était les deux immeubles en épi de maïs construits sur leur parking, ici, c'est ce superbe "wrap" accroché au mur d'un fast food. Et encore ne le voyez vous là qu'en plein jour avec sa tranche de tomate, ses petits oignons et son machin verdâtre... Imaginez la nuit, éclairé de l'intérieur...




La ville se divise essentiellement en trois parties. Un centre-ville ancien, une plantation de gratte-ciels appelée "Pôle Renaissance", et tout le nord-ouest qui est un champ de ruines.

Un tour dans le "centre ancien" ...






Un petit métro aérien à une seule voie -il tourne toujours dans le même sens-, relie en boucle le quartier ancien au pôle Renaissance. Il est construit avec astuce, passe au-dessus d'endroits inattendus et traverse même quelques grands immeubles qui possèdent "leur" station au pied des ascenseurs...




L'ensemble n'est pas désagréable à voir de loin, même si, en visitant "le centre ancien", on trouve qu'il y a beaucoup de terrains vides.



On se pose vraiment des questions quand on découvre, à deux pas d'une place très centrale, le magnifique théâtre abandonné, à gauche sur la photo...





...jouxtant un terrain vague. Enfin,  le "parking jaune"...




...déjà paru dans le chapitre "théâtres", et dont voici, pour mémoire, l'intérieur:




et même la cabine de projection !


....fort bien équipée...
Trois Westrex avec des arcs Peerless Magnarc...
Une institution aux USA, et même un peu partout dans le monde.

De très grands cinémas parisiens et européens ont été équipés de cette manière.
Votre serviteur, dans sa jeunesse, a beaucoup utilisé ces excellentes machines.

Des Westrex tournent encore aujourd'hui avec des lanternes au xenon.
La cabine du Castro de San Francisco n'est pas équipée autrement...
Et ici, il y en a trois. Du grand luxe.

Voir vers la fin du chapitre "San Francisco" la visite du cinéma Castro.






Quelques tours de pâtés de maisons nous amènent devant ce surprenant bâtiment, "The Wayne County Commission".

C'est l'ancien immeuble  du County de Wayne, le plus important Comté du Michigan. Et il est à vendre, avec un panneau sur la pelouse, comme un vulgaire pavillon de banlieue. Les services l'ont abandonné pour quelques niveaux climatisés dans une tour en verre...






Je ne blague pas: Voici le panneau sur la pelouse, à gauche sur la photo.




Et gros plan sur le panneau.

"à vendre ou à louer, bâtiment historique du comté"...




En se retournant, on imagine combien de blocs tombés en désuétude et en insalubrité on a du démolir pour arriver à créer de tels vides en pleine ville.

Eh bien, ce qu'on voit là n'est rien à côté de la partie nord-ouest de la ville...





Car Detroit est une ville sinistrée. Elle fut la capitale mondiale de l'automobile, Ford, General Motors et Chrysler y ayant tous trois implanté leurs sièges sociaux et une bonne partie de leurs chaînes de fabrication.

Depuis 2008, la crise et les restructurations que l'on connaît, des kilomètres d'usines, des milliers de sous-traitants ont fermé. 400 000 emplois perdus.

La ville s'est transformée en ville fantôme. Pour assurer la sécurité et la salubrité, on a rasé des pâtés de maisons entiers, un peu partout, jusqu'au centre ville. Une vue satellite de la ville par Google donne une idée du nombre de terrains  vagues dont elle est constellée.

Construit au bord du fleuve Detroit, (car Detroit est aussi le nom de la rivière...), le pôle Renaissance, ancré autour des tours Ford et General Motors domine donc une ville en patchwork où la désolation côtoie de grands et émouvants efforts de restauration...






La ville fut fondée en 1701 par le Français Antoine de la Mothe Cadillac. Si la marque automobile à son nom n'existe plus, sa mémoire est partout..






Un nouveau centre-ville est en reconstruction, témoin cet immeuble qui prend la place de l'ancien hôtel de ville, point central d'un ensemble d'anciennes avenues en éventail dont on veut maintenir le tracé. Mais l'éventail est encore plein de vide...










Derrière le pôle Renaissance, la rivière Détroit qui sert de frontière avec le Canada.




Le petit métro aérien est partout: il passe par ici,




Il repassera par là...




Devant une statue qui n'a rien à envier aux chefs d’œuvre soviétiques,




On le voit arriver au-dessus de nos têtes, dans un silence relatif...




Nous faisant lever la tête vers de vieux immeubles pleins de nostalgie..







Bzz le petit train,




qui sort d'un immeuble, traverse la rue et s'engouffre dans un autre!




Gros problème pour trouver un restaurant qui ne soit ni un MacDo ni un palace. Nous finirons par nous rabattre, poussés par la faim, vers le Hard Rock Café. Toutes les villes américaines en possèdent un ou deux.
Pendant le dîner, nous avons trouvé la ville plutôt déserte.
En sortant de table, nous avons eu l'explication: tout le monde était au stade...




Le lendemain matin, nous avons revu le stade à la lumière du jour.




Detroit possède quelques théâtres, dont une paire "à surprises".

Le "Music Hall",


dont de nombreuses photos de la salle sont visibles ici.
Notez le plafond, remarquable.

Le Gem Theâtre, qui possède la particularité d'avoir, lors de sa restauration, été "déménagé" d'une cinquantaine de mètres:


©  detroitonline.org

....et tel que j'ai pu le voir, restauré et tout pimpant: :


et dont voici la salle:


 ©  balthazar korab


Le Fillmore Theater, dont on aperçoit, derrière l'immeuble sur rue, le cube en béton...


lequel cube nous cache ceci:




et le Fox Theater, également à l'arrière de son immeuble, réputé pour posséder de splendides et multiples halls d'entrée:
 




dont voici la salle:




et les halls d'entrée à travers l'immeuble...









Detroit en ruines et à l'abandon...



Il existe à Detroit une gare centrale abandonnée,  dont tout le monde nous a déclaré l'accès dangereux, à cause de la zone de "non droit" dont elle est l'épicentre. Nous ne l'avons vue que de loin...



Pour l'intérieur, je me suis contenté du web...

© chancellorr.deviantart.com


Dès que l'on s'écarte du centre vers le nord-ouest, on arrive dans les quartiers abandonnés.  Des rues entières.

Seul le tiers de ces maisons était loué. Si celles-là sont vides aujourd'hui, c'est que la vague de chômage a empêché les locataires de faire face aux loyers.

Mais le plus consternant, c'est le sort réservé aux deux autres tiers, qui étaient achetées à crédit, avec des échéances basées sur des sub-primes, et qui allaient donc en augmentant.

Car dans ces maisons-là, la plupart des occupants avaient un travail et des revenus. Mais les traites ont tellement augmenté qu'elles ont dépassé leurs capacités de paiement.

Leur accorder un moratoire aurait permis de sauver, sinon la banque, du moins le capital que constituaient les maisons. Une maison occupée est entretenue et ne tombe pas en ruines.

Mais c'est beaucoup demander à une justice américaine qui ne brille pas par son intelligence. Elle a flanqué tout le monde à la porte, y compris ceux qui avaient les moyens d'entretenir les maisons. Maintenant, on a des quartiers entiers qui partent  en ruine.

Nous avons vu, sans les photographier par pudeur, des familles camper devant leur maison, sachant que si elles se réinstallent à l'intérieur, la police vient les arrêter. Les délinquants de Detroit n'ont qu'à bien se tenir...













Beaucoup de ces maisons sont identiques et vont par deux. Mais regardez de près, je n'ai pas photographié deux fois les mêmes!!!.

Ceci est juste le côté d'une rue, dont l'autre côté offrait le même spectacle; de même que tout le lotissement....

Ce sont des milliers de maisons, des quartiers fantômes tout entiers, au milieu lesquels on roule pendant de longues minutes...





















Et au bout du quartier, près de l'église, restée pimpante et intacte, un petit troc s'organise, où on peut espérer vendre quelques objets inutiles et en trouver d'autres dont on a besoin.




Fin du quartier d'habitation, passage dans un quartier un peu industriel, largement rasé par les bull-dozers.







Tous les immeubles rouges sont vides...












Nous sommes ici sur une ancienne rue principale de la ville: l'immeuble à gauche sur la photo est la Grande Loge Maçonnique de Detroit. (voir plus loin).

Sur la photo de Google Satellite que vous verrez, elle est à l'angle de Sproat Street et de Clifford Street.










La Grande Loge Maçonnique de Détroit


En 1998, la Grande Loge de Detroit était un monument remarquable reproduit sur les cartes postales, un des lieux d'animation de la ville et aussi un de ses emblèmes. Elle contient un centre culturel, un auditorium, un théâtre, une bibliothèque publique, un refuge pour les pauvres. Entre autres.

Carte postale de 1998

Aujourd’hui, seule au milieu d'un champ de ruines, elle fait face à un square desséché.













Ce lien montre les théâtres et salles de concert qu'elle contient toujours...


Ce lien vous donnera sa photo-satellite par Google.

A sa droite, sur Sproat Street, vous verrez deux tours de douze étages.

Voici ces deux tours...






Il y avait un bar du Temple, sur Temple Street.




et le Grand Hôtel du Temple... également visible sur la photo.




Il y avait, il y avait...





La rivière Detroit et le tour du lac Erié



Au bout de l'avenue principale de Detroit, le regard passe par ce monument circulaire.

Au-delà, la rivière, dont l'autre rive est canadienne.
Et qu'est-ce que ces fichus Canadiens sont allés construire juste dans l'axe, pour que tout Detroit puisse le voir à travers l'anneau? Un gigantesque casino nommé César...comme beaucoup de casinos outre-atlantique...




Ici, les USA...




En face, le Canada.








La Canada a aboli l'esclavage en 1834. Les USA seulement en 1865.

Pendant cet intervalle, de nombreux esclaves noirs américains tentèrent de fuir vers le Canada et la liberté. Ils arrivaient à Detroit qui était un nœud ferroviaire, pris en charge par des militants abolitionnistes qui les faisaient passer.



Un monument a été dressé à leur mémoire à l'endroit de leur ancien embarcadère.




Nous, nous quittons Détroit vers les chutes du Niagara en passant par le nord du lac Erié, sur les terres canadiennes.

Un tunnel sous la rivière va nous y conduire.
Avec des douaniers canadiens pas commodes... 

Voici la douane avant le tunnel, le panneau bleu étant destiné à ceux qui arrivent du Canada pour entrer aux USA.




Adieu (provisoire) aux USA, plongeons vers le Canada.
Je n'aime pas les tunnels, surtout sous les rivières.
 



Canada où Jésus Christ nous attend en grandes pompes.




Cette partie du Canada n'est qu'un grand vide.
C'est sûrement mieux ailleurs, mais ici, désolé.
On circule: y a rien à voir.




Quelques panneaux pour se distraire...




Beaucoup de vide avec pas mal de rien autour.



Des noms de lieux anglais: London, Essex, Chatham, Dunwich...
Un Dehli, tout de même.

Et notre destination finale: Buffalo, et les Chutes du Niagara.



L'autoroute s'apprête à franchir un grand pont sur la rivière Niagara. Ce sera l’événement de la journée!




Voici un bras du cours d'eau qui, quelques encablures plus loin, va se jeter dans l'abîme...



Rendez vous au prochain chapitre, mais toujours au Canada, pour les Chutes du Niagara.







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